Plongée du siphon aval de la galerie Chaotique

2023.07.22 plongées siphon aval de la galerie Chaotique

par Stéphane

Nous nous retrouvons à huit ce samedi matin, et c’est tant mieux car il y a encore passablement de matériel à amener au fond. Après toutes les dernières incursions post-Désespoir, le programme est assez léger, et nous prenons le temps sur le trajet.

Une fois sur la plateforme du Désespoir, Sylvain nous assiste à la mise à l’eau en sécurisant le fil de 4 mm sur la grille, que nous choisissons de dérouler directement de la bobine d’origine afin de garder notre dévidoir rempli du même fil pour plus tard. Les autres sont déjà partis, espérons que Sylvain trouvera l’accès à la galerie Chaotique… À l’entrée du siphon qui mène à la galerie Chaotique, je retrouve ma paire de palmes disparues depuis des mois. Après avoir vu avec Michael le début de cette galerie à maintes reprises lors des plongées post-Désespoir, nous y pénétrons cette fois enfin. Il y a de belles et fines plaques joliment sculptées au sol. Nous testons la force du courant en parcourant quelques mètres vers l’amont pour le retour de tout à l’heure, ce qui ne pose pas de problème.

 

La galerie chaotique et le siphon aval. L’accès pour les plongeurs se fait par le siphon du Désespoir; et pour les spéléos par une petite galerie suivie d’un puits de 8 m. Voir photo ci-dessous

Parvenus de l’autre côté, depuis le fond de la vasque, nous distinguons très nettement les différentes lumières de toute l’équipe. La visibilité est vraiment bonne. Dans une ambiance enthousiaste, nos amis de la partie terrestre attrapent les blocs de sécurité et le reste du matos. Une fois à terre, j’effectue une petite distance avec le recycleur avant de le confier à Laurent de manière à ne pas trop chauffer sur le trajet. Il me l’amènera au bord du siphon aval après avoir descendu les ressauts avec le matériel vertical, indispensable étant donné le poids de l’appareil. Michael choisit d’effectuer le trajet en portant lui-même le recycleur et, après un petit moment, nous sommes tous réunis au bord de la vasque du siphon aval dans laquelle coule un petit torrent. Je demande à Patrick de me rapporter ses dernières impressions lorsqu’il avait plongé ici il y a quelques années. Louis nous installe la corde de 7 mm sur laquelle, étant équipés de baudriers, nous aurons la possibilité de nous tracter avec la poignée en cas de souci pour le retour, simple sécurité en cas de brusque et inattendue accélération du courant – bien que les lieux ne soient en rien comparables, je ne peux m’empêcher de penser à John Vonlanthen que nous avions assisté en février 2011 lors de sa plongée à la Rinquelle, lorsqu’il avait volontairement poursuivi dans la galerie aval où Jochen Hasenmayer avait failli être emporté des années auparavant, n’ayant pas remarqué suffisamment tôt la section qui se rétrécissait et le courant qui s’était brusquement et fortement accru. John, ayant été en reconnaissance dans cette section rétrécie, avait mis de longues minutes pour parcourir les quelques mètres en sens inverse et ressortir du piège, s’aidant des quatre membres sur les parois (cf lien plongée J. Vonlanthen à la Rinquelle : https://vimeo.com/20661687).

Nous nous laissons dériver dans la première portion horizontale qui est effectivement parcourue d’un courant assez fort. Je constate qu’avec notre équipement, le remonter sans se tracter au sol ou à la corde serait ardu, notamment parce qu’il y a un gros rocher en travers du passage qui accélère le débit. Passé ce rocher, le courant est nettement atténué et disparait presque lorsque nous débouchons dans une grande salle, recouverte d’un talus argileux à gauche et, à droite, de parois successives inclinées à environ 70 degrés, itinéraire que nous choisissons. Bientôt, Michael tarde à reprendre le kit dans lequel nous avons lové la corde, une fois que j’ai passé ce kit sous l’amarrage pour tendre la corde. Et pour cause : il me montre qu’il a perdu son embout du recycleur. Il tente d’abord de respirer sur sa machine avec la partie ovale en plastique rigide qui reçoit l’embout, ça ne fonctionne pas bien. Il passe alors tranquillement sur son bail-out et retourne vers la sortie jusqu’où je préfère l’accompagner. Encore une fois, c’est un Colson qui, après un séjour prolongé dans l’humidité, s’est détendu – il faudra décidément régulièrement les changer si les recycleurs restent sous terre un certain temps. Etant donné qu’il faudrait en chercher un autre dans la galerie de l’Espoir, il préfère renoncer et je retourne seul.

Rapidement parvenu au bout de la corde, je choisis de progresser le plus horizontalement possible mais je suis contraint de descendre de plus en plus dans cette salle de belle dimension, tout de même attentif à un rétrécissement éventuel au-delà de mon champ de vision, surtout que l’eau y est plus opaque que dans le conduit qui y mène. Je touche le fond à 34 mètres au milieu de gros blocs recouverts d’argile et il n’y a aucune continuité ni le moindre courant perceptible. Afin d’en être sûr, je remonte légèrement de l’autre côté de la salle et coupe mon fil après environ 115 mètres de progression. Au retour, je quadrille le fond qui est en forme d’entonnoir assez peu pentu où, sur un gros bloc, il y a des ripple-marks d’une dimension que je n’ai encore jamais vue, attestant d’un courant qui doit parfois bien pousser dans la zone. En remontant, à intervalles réguliers, je quitte le fil pour aller à l’autre extrémité de la salle, où le remplissage argileux est conséquent, pour être sûr qu’il n’y a pas de continuité de ce côté-ci. Enfin, je choisis d’aller jeter un œil au plafond et j’ai alors une belle surprise : un lac de peut-être 10 m. sous plafond au maximum et d’environ 15 mètres par 15. Seul, je ne peux le mesurer, je suis impatient de revenir avec Michael pour effectuer ces mesures ainsi qu’une topographie de ce qui a été parcouru.

Laurent a prévu de quoi se sustenter, ce qui passe bien avant d’entamer le retour. Ensuite, l’aide de tout le monde est à nouveau précieuse pour amener tout le matos au siphon au bout de la galerie Chaotique, où nous avons à nouveau du plaisir à plonger.

De retour dans la galerie de l’Espoir, nous mettons un peu de temps à trier les affaires et les ranger car nous ne reviendrons pas ici avant un petit moment. Encore une fois, le fait d’être nombreux nous permet de tout ressortir en une seule fois et nous nous retrouvons bientôt au resto pour manger. Merci à tous d’être venus sinon il aurait été ardu d’effectuer cette plongée !

Stéphane

Participants : Patrick Deriaz, Louis Fischer, Philippe Fontaine, Stéphane Girardin, Laurent Stämpfli, Eric Taillard, Sylvain Tosetti, Michael Walz

TPST : 7h30

Le siphon (photo de Eric avec son téléphone)

Les porteurs

Portage dans la galerie chaotique

NB : une première tentative de plongée a eu lieu dans les années 90 en 2 x 7 litres en portant le matériel par la petite galerie et le puits avec 2 porteurs (!). Selon mon souvenir, atteint -30 m le long du plafond (Patrick)