Extension du Cavelink

Grâce au soutien des grottes de Vallorbe, la station émettrice va être installée dans le nouveau bâtiments des grottes.

Une sonde supplémentaire a été commandé pour la salle noire.

Une sonde d’oxygène et de pression sera installée à la salle du Millénaire.

Les plongeurs ont commencés à installer le câble dans le siphon du Désespoir

Plongée du siphon aval de la galerie Chaotique

2023.07.22 plongées siphon aval de la galerie Chaotique

par Stéphane

Nous nous retrouvons à huit ce samedi matin, et c’est tant mieux car il y a encore passablement de matériel à amener au fond. Après toutes les dernières incursions post-Désespoir, le programme est assez léger, et nous prenons le temps sur le trajet.

Une fois sur la plateforme du Désespoir, Sylvain nous assiste à la mise à l’eau en sécurisant le fil de 4 mm sur la grille, que nous choisissons de dérouler directement de la bobine d’origine afin de garder notre dévidoir rempli du même fil pour plus tard. Les autres sont déjà partis, espérons que Sylvain trouvera l’accès à la galerie Chaotique… À l’entrée du siphon qui mène à la galerie Chaotique, je retrouve ma paire de palmes disparues depuis des mois. Après avoir vu avec Michael le début de cette galerie à maintes reprises lors des plongées post-Désespoir, nous y pénétrons cette fois enfin. Il y a de belles et fines plaques joliment sculptées au sol. Nous testons la force du courant en parcourant quelques mètres vers l’amont pour le retour de tout à l’heure, ce qui ne pose pas de problème.

 

La galerie chaotique et le siphon aval. L’accès pour les plongeurs se fait par le siphon du Désespoir; et pour les spéléos par une petite galerie suivie d’un puits de 8 m. Voir photo ci-dessous

Parvenus de l’autre côté, depuis le fond de la vasque, nous distinguons très nettement les différentes lumières de toute l’équipe. La visibilité est vraiment bonne. Dans une ambiance enthousiaste, nos amis de la partie terrestre attrapent les blocs de sécurité et le reste du matos. Une fois à terre, j’effectue une petite distance avec le recycleur avant de le confier à Laurent de manière à ne pas trop chauffer sur le trajet. Il me l’amènera au bord du siphon aval après avoir descendu les ressauts avec le matériel vertical, indispensable étant donné le poids de l’appareil. Michael choisit d’effectuer le trajet en portant lui-même le recycleur et, après un petit moment, nous sommes tous réunis au bord de la vasque du siphon aval dans laquelle coule un petit torrent. Je demande à Patrick de me rapporter ses dernières impressions lorsqu’il avait plongé ici il y a quelques années. Louis nous installe la corde de 7 mm sur laquelle, étant équipés de baudriers, nous aurons la possibilité de nous tracter avec la poignée en cas de souci pour le retour, simple sécurité en cas de brusque et inattendue accélération du courant – bien que les lieux ne soient en rien comparables, je ne peux m’empêcher de penser à John Vonlanthen que nous avions assisté en février 2011 lors de sa plongée à la Rinquelle, lorsqu’il avait volontairement poursuivi dans la galerie aval où Jochen Hasenmayer avait failli être emporté des années auparavant, n’ayant pas remarqué suffisamment tôt la section qui se rétrécissait et le courant qui s’était brusquement et fortement accru. John, ayant été en reconnaissance dans cette section rétrécie, avait mis de longues minutes pour parcourir les quelques mètres en sens inverse et ressortir du piège, s’aidant des quatre membres sur les parois (cf lien plongée J. Vonlanthen à la Rinquelle : https://vimeo.com/20661687).

Nous nous laissons dériver dans la première portion horizontale qui est effectivement parcourue d’un courant assez fort. Je constate qu’avec notre équipement, le remonter sans se tracter au sol ou à la corde serait ardu, notamment parce qu’il y a un gros rocher en travers du passage qui accélère le débit. Passé ce rocher, le courant est nettement atténué et disparait presque lorsque nous débouchons dans une grande salle, recouverte d’un talus argileux à gauche et, à droite, de parois successives inclinées à environ 70 degrés, itinéraire que nous choisissons. Bientôt, Michael tarde à reprendre le kit dans lequel nous avons lové la corde, une fois que j’ai passé ce kit sous l’amarrage pour tendre la corde. Et pour cause : il me montre qu’il a perdu son embout du recycleur. Il tente d’abord de respirer sur sa machine avec la partie ovale en plastique rigide qui reçoit l’embout, ça ne fonctionne pas bien. Il passe alors tranquillement sur son bail-out et retourne vers la sortie jusqu’où je préfère l’accompagner. Encore une fois, c’est un Colson qui, après un séjour prolongé dans l’humidité, s’est détendu – il faudra décidément régulièrement les changer si les recycleurs restent sous terre un certain temps. Etant donné qu’il faudrait en chercher un autre dans la galerie de l’Espoir, il préfère renoncer et je retourne seul.

Rapidement parvenu au bout de la corde, je choisis de progresser le plus horizontalement possible mais je suis contraint de descendre de plus en plus dans cette salle de belle dimension, tout de même attentif à un rétrécissement éventuel au-delà de mon champ de vision, surtout que l’eau y est plus opaque que dans le conduit qui y mène. Je touche le fond à 34 mètres au milieu de gros blocs recouverts d’argile et il n’y a aucune continuité ni le moindre courant perceptible. Afin d’en être sûr, je remonte légèrement de l’autre côté de la salle et coupe mon fil après environ 115 mètres de progression. Au retour, je quadrille le fond qui est en forme d’entonnoir assez peu pentu où, sur un gros bloc, il y a des ripple-marks d’une dimension que je n’ai encore jamais vue, attestant d’un courant qui doit parfois bien pousser dans la zone. En remontant, à intervalles réguliers, je quitte le fil pour aller à l’autre extrémité de la salle, où le remplissage argileux est conséquent, pour être sûr qu’il n’y a pas de continuité de ce côté-ci. Enfin, je choisis d’aller jeter un œil au plafond et j’ai alors une belle surprise : un lac de peut-être 10 m. sous plafond au maximum et d’environ 15 mètres par 15. Seul, je ne peux le mesurer, je suis impatient de revenir avec Michael pour effectuer ces mesures ainsi qu’une topographie de ce qui a été parcouru.

Laurent a prévu de quoi se sustenter, ce qui passe bien avant d’entamer le retour. Ensuite, l’aide de tout le monde est à nouveau précieuse pour amener tout le matos au siphon au bout de la galerie Chaotique, où nous avons à nouveau du plaisir à plonger.

De retour dans la galerie de l’Espoir, nous mettons un peu de temps à trier les affaires et les ranger car nous ne reviendrons pas ici avant un petit moment. Encore une fois, le fait d’être nombreux nous permet de tout ressortir en une seule fois et nous nous retrouvons bientôt au resto pour manger. Merci à tous d’être venus sinon il aurait été ardu d’effectuer cette plongée !

Stéphane

Participants : Patrick Deriaz, Louis Fischer, Philippe Fontaine, Stéphane Girardin, Laurent Stämpfli, Eric Taillard, Sylvain Tosetti, Michael Walz

TPST : 7h30

Le siphon (photo de Eric avec son téléphone)

Les porteurs

Portage dans la galerie chaotique

NB : une première tentative de plongée a eu lieu dans les années 90 en 2 x 7 litres en portant le matériel par la petite galerie et le puits avec 2 porteurs (!). Selon mon souvenir, atteint -30 m le long du plafond (Patrick)

Exploration du Siphon de l’Inconnu

2023.07.15 plongée du Siphon de l’Inconnu 

Récit de Stéphane

Parvenus au bord de la vasque, nous sommes sacrément surpris de la clarté : elle surpasse même celle des siphons précédents, très clairs aujourd’hui. Michael se met le premier à l’eau et repère rapidement l’entrée du siphon située dans une sorte de grande alcôve, seulement visible une fois dans la vasque. Le siphon est assez beau – enfin, pour Vallorbe en tout cas ! – mais la puissance du courant nous étonne, malgré l’écoulement toujours assez conséquent qui sort de ce siphon: déroulant le fil, Michael se tracte régulièrement, quant à moi je dois parfois aussi m’accrocher pour l’amarrer. Et pourtant, nous sommes à un niveau d’étiage prononcé. La galerie fait environ de 3 à 5 m. de haut pour environ 4 à 5 m. de large, ce qui en fait un petit siphon pour Vallorbe. La description de ce siphon effectuée par Jean-Jacques Bolanz nous revient durant le trajet, à l’exception d’une vision non relatée dans son texte : en effet, peu avant la sortie, nous distinguons un grand trou noir sur notre gauche, probablement une suite, mais nous convenons de voir déjà ce que notre prédécesseur a décrit. Ainsi, nous sortons du siphon dans une zone boueuse pour constater que son fil est toujours attaché à un rocher sans la moindre trace d’usure apparente, une pensée pour lui. Nous nous disons que, du fait de la faible puissance de son éclairage, Jean-Jacques avait raté cette possible suite de galerie. Le courant a d’ailleurs totalement disparu peu avant la sortie, comme si nous nous trouvions présentement dans une branche annexe (lui-même avait émis des doutes quant au passage principal du siphon).

Sortie amont du Siphon de l’Inconnu

Ensuite, curieux d’enfin voir ce que recouvre sa description (cf Inventaire Jura vaudois partie ouest, tome 4, p. 475), et notamment le passage où il a dû se faufiler entre les blocs, nous allons voir le deuxième siphon qu’il avait aperçu mais pas plongé. À notre soulagement, le trajet est plus facile qu’escompté et nous contemplons ce siphon d’un beau vert. Michael ira jeter un œil avec un masque pour vérifier que le passage est a priori ouvert pour un plongeur, ce qui est le cas aussi loin qu’il puisse voir.

Le fil posé par JJ

Impatients de remonter vers l’amont, nous nous remettons bientôt à l’eau et constatons que le grand volume noir conduit seulement à deux trémies étroites au-dessus desquelles tombent bientôt de gros paquets d’argile. Et c’est donc dans une visibilité réduite que nous fouillons toute la zone où le courant pousse et celle… où, brusquement, on ne le sent plus du tout. Mais bon sang, impossible de voir d’où provient ce courant, mystère ! Et notre galerie imaginée s’estompe aussitôt, contrairement à la touille qui nous contraint à revenir vers l’entrée, en faisant quand même un croquis du siphon, poussés par le courant. Et nous entamons bientôt le chemin du retour après la mise à l’abri du matériel dans les dépôts successifs.

Il est clair que nous reviendrons pour essayer de trouver l’arrivée de l’eau en nous séparant et en faisant attention à ne pas troubler cette dernière et, évidemment, pour plonger ce deuxième siphon.

Stéphane

TPST : 14 heures

  

Le nouveaux siphon à plonger

La grotte de Vallorbe, une relation qui dure depuis plus de 30 ans

Par Luigi Casati, 10 juillet 2023

Au début, la progression était difficile et fatigante, car une fois la partie touristique terminée, il fallait faire quelques escalades exposées, marcher dans des zones boueuses où l’on s’enfonçait jusqu’aux genoux. Un premier siphon a limité l’aide des plongeurs spéléologues. Au-delà du siphon, il restait environ un demi-kilomètre à parcourir dans la boue, en combinaison néoprène (la température de l’eau en hiver est de l’ordre de 3 à 4 degrés), en descendant avec deux bouteilles de 12 litres, sur des échelles spéléologiques, pour enfin atteindre le siphon appelé, non sans raison : Désespoir.  Une fois dans l’eau, on s’équipait en nageant à la surface, sans pouvoir se poser sur un rocher. Actuellement, il ne reste plus que la longueur du parcours ; car au fil du temps, les montées les plus difficiles ont été équipées d’abord d’échelles, maintenant d’échelles rigides, les zones boueuses sont franchies par des passerelles horizontales en bois ou en aluminium, le premier siphon est vidé par une pompe qui permet le passage avec un canot pneumatique, et le Désespoir est atteint par des échelles rigides en aluminium ainsi que par une plate-forme confortable au bord de l’eau.

JJ remonte à l’échelle le puits du Désespoir (env. 1990)

 

J’allais aider Jean-Jacques Bolanz avec le toujours présent Patrick Deriaz et nous avions la chance de trouver de nombreux porteurs car, en circuit ouvert, il y avait beaucoup de matériel à transporter et les spéléos qui passaient le premier siphon pour aider étaient toujours au moins deux. Maintenant, avec l’utilisation des recycleurs et l’amélioration de l’itinéraire, tout est plus facile. Mais nous manquons souvent de main d’œuvre pour nous aider jusqu’au Désespoir. Pendant tout ce temps, Michael Walz et Stéphane Girardin ont pris en charge le travail de préparation et ont mis beaucoup d’énergie à simplifier les explorations au fond au fil des années.

À partir du moment où nous avons commencé à utiliser des recycleurs, nous n’avons heureusement plus eu beaucoup de problèmes et les explorations ont toujours été couronnées de succès. En circuit ouvert, il y a eu beaucoup d’échecs dus à toute une série de problèmes qui ont été résolus au fil du temps. En hiver, il y avait des problèmes de givrage des détendeurs à cause de l’eau froide, des combinaisons qui se cassaient et obligeaient à passer le siphon trempé dans l’eau glacée, du carbure pour éclairer les galeries sèches entre les siphons, etc. Je me souviens qu’après avoir eu un énième problème avec le détendeur givré, je suis sorti et je suis allé d’une traite du Désespoir à la sortie de la grotte, dans une combinaison néoprène 6 mm peu encombrante, avec le bi 12l sur le dos. Il est vrai qu’il y a deux ans avec Stefan nous étions sortis, après 16 heures dans la grotte, avec le recycleur sur les épaules, mais avec une combinaison 2-3 mm moins encombrante.

Cette semaine d’exploration du 1er au 9 juillet était prévue de longue date. En raison d’une violente averse qui a fait monter le niveau de l’eau dans la grotte, elle a été repoussée une énième fois de quelques jours. Finalement, le 3 juillet, un joyeux petit groupe composé d’Adrien, Léo, Louis, Michael, Patrick, Stéphane et moi-même apporte le matériel nécessaire au Désespoir. Tout est prêt pour le 5 juillet, mais pendant la nuit et tôt le matin, la pluie tombe abondamment et gâche nos plans. Parfois, les crues arrivent à la source en 6 heures et être dans les siphons au-delà du Désespoir, qui ont normalement un fort courant et une visibilité potentiellement réduite, n’est ni sûr ni beau. Nous décidons donc d’attendre un jour. Ponctuels, comme le veut la tradition, Michael, Patrick et Stéphane me rejoignent au parking de la grotte à 0900 le matin du 6 juillet. En regardant le capteur positionné dans la grotte indiquant la température et le niveau d’eau, nous nous rendons compte que la crue est arrivée ce matin-là et, après concertation, nous décidons de la reporter à un autre jour. Le 7 au matin, même heure, même endroit, nous plaisantons sur la visibilité de l’eau, le seul paramètre que nous ne pouvons pas connaître, mais tout le reste est presque parfait. Nous entrons dans la grotte un peu avant 10 heures et, une fois arrivés à pleine charge, nous sommes conscients qu’il s’agit de la dernière occasion possible. A 11h30, nous avons déjà la tête sous l’eau. Michael, Stéphane et moi passons le siphon, Patrick rentre à la maison. Mesure de l’oxygène dans l’air : 15%. C’est un problème qui est apparu ces 10 dernières années probablement à cause des périodes sèches, donc peu d’échange d’eau à l’intérieur de la grotte, mais aussi à cause de l’eau des lacs au-dessus du plateau qui a une quantité d’oxygène très faible par rapport à la moyenne et qui alimente le débit de l’aquifère.

15% d’oxygène, ce n’est pas peu par rapport à la montagne mais, dans notre cas, le problème se pose à cause de la plongée qui, pour des raisons évidentes, nous expose à l’hyperoxygénation et, une fois passé le siphon, nous respirerions dans un milieu hypoxique. La respiration et la progression sont plus fatigantes, au moins pendant la première heure.

Départ dans le Désespoir depuis la plateforme

 

En dehors d’une respiration plus rapide, nous progressons en douceur. Michael et Stéphane utiliseront pour les prochains siphons, un circuit ouvert tandis que j’utiliserai le mini recycleur que j’ai fabriqué moi-même. Nous nous relayons pour porter le recycleur, qui est assez lourd avec ses 24 kg, mais ce n’est pas comme si les sacs spéléo, contenant les différents matériels, pesaient beaucoup moins. Comme prévu, dans les siphons au-delà du Désespoir, le courant se fait sentir mais la partie la plus difficile se situe entre le deuxième (siphon de l’Obstination) et le troisième siphon (siphon des Porteurs BCDEFGJLMPRSTVW). Il faut ensuite remonter dans la salle du Millénaire pour atteindre le quatrième siphon, découvert il y a de nombreuses années en compagnie de Jean-Jacques. Devant le quatrième siphon on analyse l’oxygène et comme par magie ici le pourcentage est d’environ 16,5% et la température de l’eau de 11 degrés. La température de l’eau dans cette grotte varie beaucoup selon la saison, car le bassin d’absorption est proche de la surface, environ 150-200 m, et l’arrivée de l’eau est rapide.

J’ai passé les quatrième et cinquième siphon en solo en 2015, mais accompagné et aidé par Stéphane jusqu’à la fin de la salle du Millénaire.

En 2021, il est décidé de franchir les deux siphons et d’explorer les galeries sèches à deux plongeurs spéléos : Stéphane et moi. Après un petit parcours aérien d’environ 50 m, nous nous sommes retrouvés au bord du sixième siphon.

Nous avons été galvanisés en découvrant le monstrueux sixième siphon, qui ressemble à un triangle de 60-70 m de long sur 25-30 m de large (mesures plus réalistes que lors de l’exploration). Il s’en est suivi une petite exploration presque verticale, commençant à peu près à la moitié du lac, d’une longueur d’environ 50 m jusqu’à -30 m, avec une visibilité d’un mètre. Le diluant utilisé dans le recycleur pour économiser l’oxygène était à 40%, donc à -30 m j’ai été obligé de m’arrêter. Une série d’abandons, liés aux conditions météorologiques, et nous voilà aujourd’hui.

Le plongeur moderne

 

Cette année, la stratégie est différente : plongée en solo avec Stéphane en soutien jusqu’au sixième siphon tandis que Michael s’arrête au début du quatrième siphon. De cette façon, nous serons plus rapides et plus légers. Au printemps, Michael et Stéphane ont déjà apporté deux bouteilles de 12 litres remplies de 18-60 trimix au début du quatrième siphon afin de pouvoir aborder le sixième siphon avec un gaz plus approprié et dépasser la limite de la dernière fois.

« Exploration » est un terme couramment utilisé et parfois galvaudé qui signifie aller là où l’on ne sait pas. Cet inconnu stimule l’imagination de l’explorateur et comme toujours, la grotte ne manque pas de surprises.

Première hypothèse : si nous étions dans une gigantesque fracture, puisque la dernière plongée nous a amené rapidement à -30 m, nous pourrions descendre encore plus bas que la profondeur du Désespoir, qui est le plus grand des siphons présents. Sans vouloir exagérer, nous nous sommes fixé une limite autour de -70 m, en pensant à une éventuelle urgence en circuit ouvert, avec seulement un nitrox 40 de décompression.

Deuxième hypothèse : si nous remontions plus ou moins vite dans l’air, cela nous permettrait de continuer à deux, et lors d’une exploration ultérieure nous aurions les bouteilles pour nous deux déjà dans la grotte.

Malgré les caprices de la météo, la visibilité est d’environ 3 m, ce qui n’est pas beaucoup, mais en raison de la taille des tunnels, mais certainement dans cette grotte, c’est une très bonne condition. Une fois rafraîchi par des barres énergétiques, je me prépare et atteint rapidement le terminus de la plongée précédente, quitte le nitrox et, attaché à la ligne, descends. Je touche le fond à -34 m. L’exploration, c’est aussi un ensemble de sensations qui vous font décider où aller, quoi faire, quand vous n’avez pas de repères clairs.

Je sens le courant contre moi, ce qui signifie que l’itinéraire est bon. Je continue sur environ 40 m, puis je suis un mur que je trouve devant moi ; je monte jusqu’à -4 m, à 120 m de l’entrée et je suis sous un plafond plein d’érosions chimique-mécaniques, d’une beauté inouïe. Pour l’instant elles ne restent que dans ma mémoire et je n’aurai rien à montrer car je n’ai pas de micro-caméra.

Redescendu à -30 m, je retrouve le courant et peine à avancer à cause d’un rétrécissement de 2 m de hauteur sur 4 à 6 m de largeur. Passé ce cap, la situation se normalise. Lorsque j’ai besoin de reprendre une respiration correcte, je ralentis, et heureusement le recycleur me permet une bien plus grande autonomie que le circuit ouvert et donc une plus grande liberté de mouvement dans l’espace.

Il est difficile de comprendre où aller, d’évaluer la taille du tunnel, mais heureusement avec ce courant j’ai un « ennemi » pour m’aider à trouver mon chemin. Je monte à -21 puis redescends à -34 : je vois le fond 3 m plus bas. Par chance, je termine ma ligne à ce moment-là. Il ne me reste plus qu’à terminer mon exploration. J’ai juste le temps de voir la direction 200-220 degrés de la boussole et cela me fait comprendre que je suis dans la bonne direction dans une zone où une grande faille est visible même superficiellement. Même si cette fois c’est le fil qui a arrêté l’exploration, la satisfaction du résultat obtenu, 145 m de nouvelle exploration (température de l’eau dans le sixième siphon 10 degrés), est à mettre sur le compte d’un travail d’équipe particulier d’amis qui se sont engagés à me faciliter la vie en utilisant beaucoup de leur temps. Ce résultat, permet de fantasmer sur la suite, qui ne sera pas à une date trop lointaine, du moins pour moi qui ai eu 59 ans avec un corps qui n’est pas tout à fait neuf des activités passées. Ces 13 heures de grotte, soutenues par un entraînement peu intense, ont surtout pesé sur mon dos. Certes, tant que ma tête continuera à me faire rêver, j’accepterai les efforts du jeu.

Ad maiora

Les photos du siphon du Désespoir et de la salle du Millénaire

Equipé d’une gopro, Michael et Stéphane ont pu réaliser quelques films du siphon du Désespoir et des galeries qui mènent à la Salle du Millénaire.

Grâce à un patient travail de Stéphane, quelques photos ont pu être extraites du film.

Le 6eme siphon

Récit de Gigi

« Le sixième siphon a la même forme que le Désespoir, avec une petite différence : il est au moins deux fois plus grand. La crainte est grande que le siphon devienne très profond, ce qui est limitatif avec des bouteilles remplies de 40% de nitrox. Le choix du nitrox à 40% était basé sur les quatre siphons précédents. L’oxygène supplémentaire aiderait aux plongées s’il y avait un problème avec le recycleur.

La plongée dans le sixième siphon fut une première reconnaissance intéressante, qui nous a coupé les jambes, comme cela arrive souvent quand on est optimiste et qu’on se laisse emporter par l’enthousiasme, mais qui nous permettra de réfléchir et de développer une meilleure technique pour les explorations futures.

Nous avons atteint une profondeur de 30 m à 40 m de l’entrée ce qui, ajouté aux 100 m de la dernière sortie, ajoute 140 m de développement à cette incroyable et gigantesque grotte ».

Une coupe développée de la grotte de Vallorbe (réalisée par Rémy Wenger) Vallorbe_Etat_2021

Déballage entre le S4 et le S5

 

Entre le siphon 4 et le 5. A chaque fois, il faut mettre le matériel dans le sac, le porter, et ensuite au bord du siphon procéder à une vérification complète du recycleur.

 

Sortie du S5 vers le fond !

 

Le 6eme siphon contemplé par Stéphane (photos de Gigi et Stéphane)

Avec le soutien des grottes de Vallorbe

Exploration : un sixième siphon

Récit de Gigi : traduit avec deepl

Le 24 octobre, je suis retourné à la grotte de Vallorbe, théâtre de plus de trente ans d’exploration. J’ai commencé à accompagner Jean Jacques Bolanz entre les différents siphons (c’était très dur à l’époque). Pendant que Jean Jacques plongeait dans le quatrième siphon j’ai trouvé le quatrième siphon bis qui avec les explorations d’il y a 4-5 ans semble suivre l’axe principal de la grotte.

En compagnie de Stéphane, nous sommes retournés sur mes traces. Pour l’instant nous avons exploré 100 m de nouvelles galeries et tout est prêt pour une prochaine visite. Nous sommes restés 16 heures à l’intérieur de la grotte. Au cours des mois précédents, Stéphane et Michael ont préparé les bouteilles de secours aux points cruciaux. Un grand groupe de spéléologues s’est relayé pour aider à transporter les matériaux jusqu’au premier siphon, le Désespoir.

Un croquis d’exploration de Luigi

croquis explo Vallorbe

Sortie bateau

Mardi soir : portage du matériel du siphon des bloc no 2 jusqu’au Désespoir et mise à l’abri de ce matériel en prévision de la crue de la nuit de jeudi.

Les vaillants porteurs lors de la traversée du lac du siphon des blocs no 2 :

Le dépôt des bateaux à l’abri de la crue